Patricia est passé d’une simple tempête tropicale à un ouragan monstre de catégorie 5 en l’espace de 24h qui causera une grande dévastation au Mexique.
Pire, même en devenant un ouragan de catégorie 5, l’ouragan a continué à se renforcer. Les vents soutenus sont estimés à 320-330 km/h et des rafales jusqu’à 400 km/h sont possibles. La pression centrale a atteint le plus bas niveau jamais enregistré dans la zone de responsabilité du National Hurricane Center, soit 880 millibar.
Graphique de l’intensité de Patricia.
Pourquoi une telle intensification aussi rapide ? Il existe quelques explications. Le fait que nous sommes dans une année d’El Nino fort explique en bonne partie le phénomène.
L’eau chaude sert de réservoir d’énergie pour les ouragans. Lorsque nous sommes en situation El Nino, les températures de l’eau sont beaucoup plus chaudes que la normale dans l’est du Pacifique. Non seulement ça, mais la partie plus nord-est du Pacifique est sous l’influence de l’oscillation pacifique décennale positive (PDO+). Il s’agit d’un moment ou l’eau est aussi plus chaude que la normale dans ces régions. Selon plusieurs études, lorsqu’un El Nino est en place et que le PDO est positif, les deux phénomènes ont tendance à se renforcer mutuellement. Cela mène à des températures bien supérieures à la normale autant en surface qu’en profondeur dans l’océan.
Carte des anomalies de la température de l’eau.
D’autres conditions sont aussi nécessaires pour la formation et le maintien des ouragans. Un faible cisaillement et un bon apport en humidité sont très importants.
Comme le démontrent les deux prochaines cartes, le cisaillement dans la région de l’ouragan est presque nul. La ceinture d’humidité disponible est aussi très présente ce qui continue d’alimenter l’ouragan.
Deux autres facteurs qui ont aidé à la formation de ce monstre sont que la majorité des autres ouragans qui se sont formé dans le bassin Pacifique cette année se sont formé plus loin à l’ouest. Les eaux dans cette région n’ont donc pratiquement pas été affecté par des refroidissements qu’amènent les grandes quantités de précipitations d’un ouragan.
L’autre facteur est que Patricia a un centre assez compact. Cela aide beaucoup à l’intensification rapide et la baisse de la pression centrale. Lorsqu’on met tous ces facteurs bout à bout, on a la recette parfaite pour un puissant ouragan.
Maintenant, espérons seulement pour le mieux en matière de vies humaines.
P-M Doucet.