Photo d’une supercellule classique près de St-Césaire au Québec.
Les orages supercellulaires sont parmi les tempêtes les plus fortes sur terre et les plus fascinantes à regarder. Mais comment décortiquer leurs structures et savoir ce qui se passe ? Voici une petite représentation de ce qui se passe visuellement avec ce type d’orages.
Tout d’abord, une supercellule est un orage avec un courant ascendant en rotation. On appelle aussi ce courant le mésocyclone. Il est représenté ici par la flèche mauve qui monte dans l’orage. Ce courant fait plusieurs kilomètres de haut dans l’atmosphère. À la base de ce courant ascendant, on remarque une forme arrondie, il s’agit de la base du courant représenté par la ligne rouge courbée en continu. La base prend souvent la forme d’un fer à cheval.
On peut remarquer le wall-cloud (nuage mûr) qui se forme à la limite du RFD, FFD et de l’influx d’air chaud. Ce nuage se forme car il y a condensation de la vapeur d’eau plus proche du sol à cet endroit. Cependant, il n’y a parfois pas de wall-cloud présent.
Quand on parle du FFD, il s’agit du « Foward Flank Downdraft » ou le courant descendant du flanc avant. Il s’agit de la zone où la majorité des précipitations de l’orage se trouvent. Vu que cette zone est fortement refroidie par la pluie et la grêle, elle forme un front chaud à petite échelle avec l’influx d’air chaud et humide devant la supercellule. Cela est représenté par les flèches rouges qui entre dans l’orage et par la ligne pointillée qui représente le petit front chaud.
On remarque aussi derrière la structure principale une zone plus claire. Cette zone claire, aussi appelé « clear slot » en anglais est le RFD, le « Rear Flank Downdraft » ou le courant descendant du flanc arrière. Il s’agit de l’endroit où les courants d’air descendant plus froid et sec de l’orage arrivent. Cela forme aussi un front du RFD qui agit comme un petit front froid. Le tout est représenté par les flèches bleues et la ligne pointillée bleue.
L’intersection de toute cette genèse est représentée par l’étoile rouge. C’est dans cette zone qu’une tornade se formera si tous les éléments se rencontrent au bon moment. Si le RFD accélère, il arrivera au sol et aura tendance à remonter et s’envelopper dans le courant ascendant en faisant un mouvement cyclonique ce qui créera un étirement de l’air plus froid et sec vers le sol et de l’air plus chaud et humide vers le ciel. Un fort tourbillon en résultera ce qui deviendra notre tornade. D’autres conditions doivent aussi être en place, sinon il ne se passera rien. Le RFD ne doit pas être trop froid non plus, sinon il viendra nuire plus qu’aider à la formation d’une tornade.
Il y a aussi une étoile bleue sur l’image. Elle représente une zone ou une tornade anticyclonique peut se former. Il faut donc faire attention et toujours surveiller cet endroit aussi. Cela demeure rare mais dans les cas ou l’atmosphère est explosive et que le risque de tornades violentes est présent, cela a plus tendance à se produire. Il s’agit probablement encore du mécanisme du RFD qui en arrivant au sol, cette fois si courbe dans le sens contraire et produit aussi du tourbillon dans cette zone. Les tornades anticycloniques sont souvent moins fortes, mais ont déjà été reconnues pour causer des dégâts de EF2 (vents de 180 à 220 km/h).
Noter que les étoiles sont placées à des endroits spécifiques, mais il faut surveiller toutes les zones de la base dans les alentours.
Image rapprochée de la supercellule montrant les mêmes aspects discutés.
Image d’un angle frontal de la supercellule. La légende demeure la même que pour les images précédentes. Remarquer qu’il n’y a pas de wall-cloud cette fois.
Texte: Pierre-Marc Doucet
Photos: Mathieu Lussier
Inspiré d’une chronique vidéo du chasseur américain Skip Talbot.
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